Une sélection aléatoire du livre Révélations, avec plus de 130 images 2007-2017.
« Cette scène est vraiment née comme une vision, probablement influencé par mes nombreux voyages en bus dans la région minière du Limbourg, chaque fois que j’allais à l’académie de dessin à Maasmechelen. Un moment donné, j’ai vu un compartiment de train avec des mineurs épuisés en salopettes bleu-gris, une fille de cirque nue au milieu d’eux. L’atmosphère était un peu comme les mangeurs de pommes de terre de Van Gogh, surnaturellement, mal à l’aise. Comme j’ai commencé à travailler sur l’idée, il est devenu plus riche: j’ai rencontré Freddy Segers, le protagoniste tatoué, et il me semblait que c’était un directeur de cirque rêvé. Sophie est de suite devenue fille de trapèze dans un négligé et dans un deux trois la scène a complètement changé d’atmosphère – mais pas d’intention. Après des mois de recherche, quand j’ai trouvé le compartiment de train vintage de première classe à Maldegem, une seule coïncidence déterminante était nécessaire: le journal du jour. Le jour où nous avons pris cette photo l’annexe à De Tijd était dédié à DSK, sous le titre: « Pouvoir et Sexe ». Ce titre et l’illustration avec le serpent ont défini cette image qui est de suite devenue classique ! »
Le sixième jour, Dieu a créé la femme, avec des pantoufles à ses pieds, « disegno di Bartolomeo ». Parce qu’il n’y avait pas de brasseries et de restaurants à l’époque, et parce que l’amour de la femme passe par l’estomac, elle était fort heureuse avec la pomme JonaGold qui lui a été donnée par Paris – ou était-ce par Nick Bottom transformé en âne? Non, non, l’âne est sans aucun doute le prince qui l’a éveillée en la donnant une bise, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, Adam et Eve, Blanche-Neige, le Jugement de Paris et un Rêve de Nuit d’Eté sont les riches sources de cette réflexion profonde sur la pomme, symbole de la connaissance et source de grand malheur humain. La morale ? La connaissance ne vous rend pas heureux. Et pourquoi les cages d’oiseaux sont-elles accrochées dans les arbres ? Parce que Dieu avait créé les oiseaux un jour plus tôt, tiens.
Alors que quatre hommes jouent aux cartes comme des fous, en jouant faux ou non, personne ne remarque la vraie Reine de Cœur, qui s’ennuit seul avec un verre de vin rouge. Ou est-elle le prix pour le gagnant du jeu, comme le concluent certains spectateurs ?
La déesse de la discorde Eris n’était pas invitée au mariage de Thétis et Pelé, et s’est vengé en laissant une pomme d’or avec l’inscription « pour la plus belle ». Trois déesses revendiquaient le fruit : Aphrodite, Héa et Athéna. Zeus pensait que c’était une question trop épineuse à juger pour lui-même, et passa la pomme chaude à Paris de Troie, le prince berger. Il finalement choisissait Aphrodite, parce qu’elle lui avait promis la plus belle femme de chair et de sang: Helena. Son enlèvement subséquent était la cause de la guerre de Troie et finalement de la destruction de la ville. Comme dans « Déjeuner sur l’Herbe » de Manet, basé sur « Le Jugement de Paris », une gravure de Raphael, l’un des personnages regarde le spectateur dans les yeux, et l’implique donc dans la scène… Et voilà le cercle est bouclé!
Qui sauvera le monde ? Pour les innombrables visiteurs de l’Hôtel Le Berger à Bruxelles, ancien hôtel de rendez-vous construit dans le style art déco en 1933, la réponse était tout simplement : la femme. La femme sous toutes ses formes: maîtresse, femme, mère, pute, son amour genereux ici symbolisé par … le lait. Bien sûr, dans Le Berger, ce rassemblement de femmes généreuses ne pouvait pas être intitulé « La Dernière Cène »; un berger appartient à un agneau, d’où le titre final: Agnus Dei, l’Agneau de Dieu. Toutes les références à Gabrielle d’Estrées, maîtresse du roi Français Henri IV, sont bien sûr voulus. Où est Dieu dans tout cela, demanderez-vous? Si Dieu est partout, il est aussi dans la maison des rendez-vous, n’est-ce pas ? Merci beaucoup aux modèles enthousiastes de Neo Retro Agency, sans qui cette scène n’aurait pas été possible !
Tatjana la porcière accomplie montre les cochons du Bereklauw le chemin vers l’immortalité de l’âme et de la résurrection, mais ils semblent plus intéressés par les besognes comestibles par terre. Corps et âme pour Piggies!
« Mundo Magico » est une scène inspirée du personnage de Lola Montès (1821-1861), une courtisane irlandaise qui avait du grand succès avec un spectacle comme «danseuse espagnole». Elle quittait la maison à 16 ans avec un lieutenant, avait une histoire d’amour avec Franz List à Paris, a été la maîtresse du roi Ludwig Ier de Bavière, qui l’a promue à la comtesse de Landsfeld. (En réponse à sa question si ses seins étaient réelles lors de leur premier rendez-vous elle aurait simplement mis les preuves sur la table). En 1848, elle dut fuir les révolutions allemandes via la Suisse, la France et Londres, et arrivait finalement aux États-Unis, où elle continua ses aventures amoureuses et son travail d’artiste. Dans le film « Lola Montès », le dernier film de Max Ophuls (et un chef-d’œuvre de la cinématographie), sa vie est racontée en quelques chapitres brilliantes. Le dernier chapitre montre comment elle diverte son public avec son histoire de vie comme un numéro de cirque.
La Charité Romaine est une légende classique qui raconte l’histoire d’un vieux prisonier innocent, gardé en vie par sa fille enceinte lors de sa visite quotidienne. Un thème fort populaire pour de nombreux peintres, y compris ceux de l’époque baroque, comme Rubens.
Dans cette version, nous reconnaissons le petit chaperon rouge qui allaite le loup affamé, observé par un curieux chasseur. Elle l’appelle avec hospitalité: tirez la chevillette, la porte s’ouvrira!
Pour les amateurs d’art: comparez avec « Rolla » de Gervex (1878), une peinture d’après le poème de Musset sur un homme démuni qui se suicide après une dernière nuit chez une courtisane.
“Il prit un flacon noir qu’il vida sans rien dire;
Puis, se penchant sur elle, il baisa son collier.
Quand elle souleva sa tête appesantie,
Ce n’était déjà plus qu’un être inanimé.”
(Alfred de Musset)
Mais qui est l’homme dans le miroir?
Vingt ans après la Conception Immaculée, l’Archange Jibriel et la Vierge Marie présentent leur fille Jésus au dieu des enfers Pluton et sa femme Proserpine. Ils gèrent le bordel « La petite Mort », où vous buvez Mort Subite, Duvel et d’autres bières infernales – et si vous ne faites pas attention, vous serez mordu dans les mollets par le chien Cerberus. Un méli-mélo exclusif de dieux de toutes les époques et de toutes les cultures est présent: Bastet, Thor, un faune, Flore, Mars, Guan Yin (déesse chinoise qui sauve les gens de la pègre, entre autres), une nymphe (Europe?), Pan, Saint Pierre (avec les clés et le livre), Mephisto (au piano) et Zeus (déjà légèrement au-dessus de son eau de thé). Ils semblent bien s’amuser de façon Offenbachienne dans leur paradis mondialisé.
“Bart Ramakers : Un artiste belge hallucinant par sa créativité et sa recherche de l’esthétisme, il introduit des références littéraires qu’il reproduit dans ses mises en scène surprenantes avec des décors et des costumes vraiment recherchés. Voilà exactement ce que je voudrais faire comme photos !”